Émergeant au début du XIXe siècle en tant que profession libérale, les architectes ont dû
définir la spécificité de leur rôle dans le processus de la construction face à des rivaux de deux
types, les ingénieurs issus des grands corps d’État et les entrepreneurs du bâtiment. Cette
différenciation fonde la figure de l’architecte-artiste, un intellectuel dont le projet est à la base
de la production architecturale.
Croissant de façon notable dans la seconde partie du XIXe siècle, la profession d’architecte
présente une extrême hétérogénéité, tant dans les formations que dans les situations.
Le cadre législatif établi par la IIIe République va permettre à la profession de s’organiser
en associations professionnelles pour faire valoir ses revendications. La vie associative, si elle
écarte alors l’instauration d’un titre officiel limitant l’exercice, contribue pourtant à la codification de la profession. L’approbation par les sociétés d’architectes d’un texte déontologique
présenté par la société dominante signale l’adhésion à une culture professionnelle et à un
ensemble de valeurs libérales et méritocratiques. L’identification au statut d’intellectuel légitime
ainsi la distinction sociale d’avec la profession commerciale et artisanale d’entrepreneur.
↧